Engloutie qu’elle est sous la cendre, elle semble morte, « Pas un oiseau Â». Il fallait qu’elle entrât pourtant, la sans-visage Posted on 14 décembre 2011 de Yann / Un commentaire . Ouverture poétique dans laquelle s’élabore, au fil des laisses, ce qui semble être un art poétique, à la fois autorisation à l’écriture et hymne à la poésie. 327-329. » Dans la quête de filiation de l’enfant, il y a du désarroi et du désir. L’eau l’« emplit de ses courants Â», « atteint le haut Â» des « grandes jambes de l’homme Â». Alternant vers brefs, tétrasyllabiques (4 syllabes), vers longs, endécasyllabiques (11 syllabes), ils sont un commentaire du poète sur la difficulté de rendre compte de cet épisode par l’écriture. Peut-être le langage, au lieu de faire exister les choses, les vide de leur sens ? Le plus simple est d’interroger la structure de l’œuvre, sa composition. L’un est à l’intérieur de la maison, l’autre, le père, à l’extérieur, dans le jardin. Au moment où s’ouvre le recueil de La Maison natale, le poète se trouve sur cette lisière spatio-temporelle indécise, indéfinissable, cet entre-deux qui suit le rêve et précède immédiatement la phase de l’éveil. « La maison natale Â» du premier poème est un univers ambigu qui se joue sur les limites entre conscient et inconscient. Une forme incurvée, en apparente contradiction avec l’idée même de planche, plutôt associée à l’idée de rigidité. Entre les deux maisons se trouve une carte unique, la VI. Insaisissables comme le sont les images du rêve. L'odeur du sang sera ce bien que tu cherchais. » Le « nautonier Â» et sa barque d’abord, l’enfant ensuite. Composée de douze laisses, La Maison natale confère à l’ensemble du recueil son unité. In 1967 he joined with André du Bouchet, Gaëtan Picon, and Louis-René des Forêts to found L'éphémère, a journal of art and literature. Débordants de choses fermées » (page 72). C’est ce tableau intitulé Cérès et Stellio, mais aussi La Dérision de Cérès, qui sert de toile de fond à Yves Bonnefoy. Que faire donc de tout ce bois sinon le ranger ou le mettre à l’abri ? Réserve d’images d’avant le langage, source inépuisable de création, il renferme aussi ses propres limites. Le passeur christophore * « Ainsi parle aujourd’hui la vie murée dans la vie Â». Dans l’univers clos de la salle à manger, dont les « volets sont fermés contre la chaleur Â». Même énigmatique, même confrontée à ses insuffisances et à ses leurres, elle garde en elle sa force d’affirmation au monde. [4] From 1945 to 1947 he was associated with the Surrealists in Paris (a short-lived influence that is at its strongest in his first published work, Traité du pianiste (1946)). Ce « vers extraordinaire Â» a marqué le poète qui le retranscrit dans la première strophe et développe dans la strophe suivante les réflexions qu’il suscite en lui. Où j’écoute cogner le bas du fleuve… Â» Décrite avec plus de précision et d’insistance - à noter au passage les allitérations en « v Â» et en « b Â», dont deux en début de vers, Belle/Buvant; et les assonances en [ã] : « lampe Â», « tenant Â», « buvant Â», « avidement Â», la Belle surprend par la comparaison qui lui est associée : « comme une lampe Â». Au-delà, son dos voûté, son regard, son immobilité, sa lenteur, la fatigue de ses gestes trahissent un rapport au monde difficile, inabouti. C’est l’enfant qui se trouve cette fois-ci au « fond du jardin Â», isolé, exclu peut-être, tandis que ses parents « se sont assis Â» à l’intérieur de la maison. La première strophe, construite sur sept vers, se répartit sur deux phrases qui se déroulent sur la lenteur. La seconde distorsion est celle de la submersion progressive de la barque. Pourtant, alors même que les conditions semblent réunies pour donner au langage la possibilité de se métamorphoser en poésie, l’inspiration semble se dérober : « La voix que j’écoute se perd... Â». Elle apparaît déjà dans La Pluie d’été (Les Chemins, III), figure de l’errance,« suante Â», « empoussiérée Â». Par deux fois en effet se remarque de manière visuelle la présence d’une interjection lyrique adressée à la poésie : « Ã” poésie Â». » Trois recueils forment à eux seuls un tout. 5. Il ne s’est sans doute rien passé, rien produit. Il sait où trouver le passeur. Coupée du langage du réel, la mythologie personnelle du poète s’avère impuissante une fois de plus à relier l’enfant au monde. La vieille femme disparaît; il n’est plus question d’elle. « Je suis saisi par ces douleurs qui cognent Â»/« Trop lourde m’est la nuit qui dure Â». Il se tient sur le « seuil Â» : « J’étais seul sur le seuil dans le vent froid Â». L’enfant de La Maison natale s’identifie à celui du tableau. : Â« Ici, le temps se creuse Â», puis s’accélère, véhiculant d’autres images ; « et c’est déjà/L’eau éternelle à bouger dans l’écume. Elle se manifeste dans la métaphore des flèches du soleil qui fait irruption de manière violente dans l’univers ensommeillé des voyageurs. Surpris sans doute de voir le jeune garçon hanter ces rivages cachés par les roseaux, le géant s’empresse de le questionner, sur un ton familier, l’appelant « mon petit Â». Dans cet univers de nuit, de silence et d’eau, le « l Â» liquide imprime sa marque aux premiers vers : « Il faisait nuit. Des formes féminines surgissent aussitôt. 2. DANS LE LEURRE DES MOTS « dans cet espace sans fin de courants qui s’entrechoquent, d’abîmes qui s’entrouvrent, d’étoiles. » Et cela, pour le bien des hommes : « pour vous être une terre. [6][8], He taught literature at a number of universities in Europe and in the USA: Brandeis University, Waltham, Massachusetts (1962–64); Centre Universitaire, Vincennes (1969–1970); Johns Hopkins University, Baltimore; Princeton University, New Jersey; University of Connecticut, Storrs, Connecticut;Yale University, New Haven, Connecticut; University of Geneva; University of Nice (1973–1976); University of Provence, Aix (1979–1981); and Graduate Center, City University of New York, where he was made an honorary member of the Academy of the Humanities and Sciences. Se refusant à une vision restrictive du langage poétique et à « n’être que la lucidité qui désespère Â», le poète est sur le point d’« Abandonner les mots à qui rature, prose, par évidence de la matière... Â». APPROCHE Elle vient « chercher refuge Â». Professeur ordinaire de Littérature française à l’Université de Zurich, Patrick Labarthe a publié notamment Baudelaire et la tradition de l'allégorie (1999 ; réédité en 2015 avec une préface d’Yves Bonnefoy), un commentaire des Petits poèmes en prose de Baudelaire (2000) et une édition critique du Cahier brun de Sainte-Beuve (2017). Le récit suit les différentes étapes de la collecte des souvenirs: « Je me penchais Â», « je prenais Â», « j’en soulevais Â», « je me retournais Â». L’enfant évoque le souvenir de cette longue traversée qui appartient au passé de son enfance : « Je regardais Â», « Je dédiais Â». Elle ressurgit dans le dernier poème de La Maison natale, réhabilitée par le poète. La formule : « J’ouvre les yeux Â» fait écho à celle que l’on trouve au début du poème VI : « Je m’éveillai Â». Au seuil des Planches courbes Un recueil d’Yves Bonnefoy plonge le lecteur Dans le leurre du seuil et … Eurydice peut-être ? Elle a à voir avec l’exil et la douleur. L’île, l’étoile, la barque, la rame, l’écume, la mer. Dans La Maison natale, sa venue est annoncée par les figures féminines qui la précèdent : la « sans-visage Â» (Eurydice, I), la déesse (II). LES PLANCHES COURBES À côté de la vieille femme (Mismé) se trouve un jeune garçon (Ascalabos) qui montre du doigt la déesse et rit avec impudence de son avidité. DIXIÈME POÈME Respectivement de neuf laisses et de huit laisses. Mais dans la « légère voix cristalline Â» de l’enfant, nulle intonation de nostalgie, nul regret, nulle plainte. 2. YVES BONNEFOY, LES PLANCHES COURBES Toute cette fougue généreuse de la « flamme rouge Â» qui embrase et embrasse « le bas du ciel Â», la nature et les hommes qui l’habitent, leur travail de la vigne, leur lutte contre les éléments, tout cela parle à l’enfant de la terre qu’il aime, à laquelle il aspire, promesse de présence et de partage. Cérès, mère de la jeune fille enlevée par Hadès, est aussi la mère du « je  Â». Ce corps abandonné à tes mains affaiblies. Une fois restaurée la « beauté ultime des étoiles sans signifiance, sans mouvement Â», les acteurs essentiels du rêve peuvent surgir. Le point de départ d’une complicité, d’un lien, d’un échange. Après la halte lumineuse et la parenthèse heureuse de la Maison natale X, le poète reprend sa route. 11. Une interrogation suivie d’une réponse ferme: « Ai-je voulu me moquer, certes non Â». Ce sont les retrouvailles avec la terre maternelle, c’est Toirac retrouvé. Son amour pour la déesse. 2. Séparé de la « sans-visage Â» par une cloison de verre, il l’est tout autant des enfants dont les rires et la joie lui sont inaccessibles. Une continuation en même temps qu’une concrétisation. La traversée du fleuve à la nage. Elle n’a pas su protéger son enfant du désir « du dieu des morts Â». « La déesse Â», convoquée ici par le rêve, combine des traits contradictoires, les uns appartenant au réel, « Les mèches désordonnées Â», « le voile Â», « le front triste Â», « le rire Â», les autres au monde du miroir et du leurre : « le voile de l’eau Â». Broché . C’est la carte du voyage en train, de la distance qui sépare la ville de Tours de la région aimée où règnent « le feu des vignerons Â» et « les montagnes basses Â». Ainsi, d’un recueil à l’autre de l’œuvre poétique d’Yves Bonnefoy, se tisse une partition polyphonique. Le Grand Robert de la langue française fait l’impasse sur cette expression. Et si le spectacle semble davantage être celui d’une fête qu’un spectacle funèbre, c’est que la poésie a le pouvoir de transfigurer la mort elle-même « en son lieu de naissance Â». À l’inverse du « pêcher qui ne grandit pas Â». Bien frugal rayonnant sur une orangerie. « Les nageurs qui, dans la nuit,/Se portent vers le navire Â» soutiennent « des lampes, aux longues banderoles de couleur Â». Mais il introduit aussitôt une variante fondée sur l’opposition « mais c’était en voyage Â». Les deux verbes en opposition - perdre/gagner - sont réunis côte à côte dans le même vers, le présent l’emportant magistralement sur le passé, « et si glorieusement Â». Nous voudrions ici tenter de circonscrire l’événement dans sa spécificité poétique, tel qu’il se présente et se laisse com-prendre dans la poésie d’Yves Bonnefoy. Emboîtements poétiques : De Bonnefoy à Keats et de Keats à la Bible. 2. Quel sens attribuer à cette figure féminine dans le recueil de Yves Bonnefoy ? Les poèmes IV et V semblent former un diptyque. Poursuivant sa réflexion, le passeur rebondit sur la présence féminine, compensatrice de l’absence paternelle. Broché. Les cartes numérotées I à V renvoient à « La Maison natale Â» onirique. » Et s’il formule cette prière, c’est qu’il ne s’y est pas trompé. 6. Elle est la maison où l’enfant a vécu la plus grande partie de son temps, la vraie maison natale, celle de Tours. Les pièces, démultipliées par le rêve, sont en proie à une prolifération inquiétante : « Il y en a maintenant d’innombrables Â». L’eau frappait les pieds de la table, le buffet. * Comment ne pas penser aux vers du poème « Aube Â» (Illuminations, 1873), d’Arthur Rimbaud : « J’ai embrassé l’aube d’été Â» ? Un changement, immédiatement perceptible : « Cet autre feu Â». 2. Si haute déjà l’eau dans la salle. Adam Elsheimer choisit de peindre le moment où Cérès, épuisée de fatigue et de soif, se désaltère « avidement Â» à la cruche qui lui a été tendue. Elle est offrande au père afin qu’il puisse tirer « de quoi nourrir Â» son « espérance Â». Yves Bonnefoy, Dans le leurre du seuil [1975], in Poèmes, Gallimard, 1982, pp. Les six mois de vie souterraine correspondant au dépérissement de la nature et à l’hiver, les six autres au renouveau, printemps et été. Le poète Yves Bonnefoy est mort ce vendredi 1er juillet à l'âge de 93 ans. Mais il est aussi celui que le géant sauve du fleuve. Avec la mort. Il a notamment publié dans la même collection Lieux et Destins de l’image et L’Imaginaire métaphysique. Un voyage se déroule depuis les voix plurielles du début du poème « nos voix Â», jusqu’à la voix singulière de l’ultime strophe. De l’eau glissait/Silencieusement sur le sol noir. Aux résistances du géant, l’enfant oppose son obstination : « Mais je resterais avec toi, au bord du fleuve Â»; « Mais je resterais si volontiers auprès de toi, sur la rive ! L’approche de la mort se fait sentir à travers le réseau d’images que draine le « navire Â». Est présente aussi « l’espérance Â», annoncée implicitement dans La Maison natale XI par l’image du « chardon bleu Â». L’expression : « Dans le même rêve Â» marque en effet une continuité entre IV et V, et suggère le recommencement du même rêve. Ici, dans le poème VII, seuls ses outils de jardinier, bêche et pioche, ont à voir avec le monde concret qui est le sien. Le poème X marque un saut dans le temps, résumé par l’expression nominale, très condensée, « La vie, alors Â». Un itinéraire se dessine, une marche : « Nous avançons Â». Le poète aborde la poésie de manière détournée dans un premier temps, par une sorte de prétérition, en usant du conditionnel : « Je pourrais… dire ou tenter de dire Â» ; « Je pourrais m’écrier… Â». La première partie du rêve se clôt sur l’expression d’un désir, fermement et clairement exprimé: « Je désire plus haute ou moins sombre rive Â». Dispensatrice de sens, la musique joue un rôle essentiel dans l’art poétique de Bonnefoy. De même du rêve diurne qui livre son visage: « son front, ses yeux Â», « son regard Â». Elle retient sur son île de l’Atlantique (Îles Fortunées), au-delà des Colonnes d’Hercule, le chevalier Renaud qui s’est laissé prendre par ses sortilèges. « Je m’approchais Â». Le rythme des vers devient précipité. [9] In 1981, following the death of Roland Barthes, he was given the chair of comparative study of poetry at the Collège de France. À nouveau s’exprime la confiance affirmée - « Je sais tout autant Â» - en la poésie définie par la métaphore exclusive de l’étoile : « il n’est d’autre étoile à bouger Â». Puis le sommeil final qui n’est « plus rien qu’une vague qui se rabat sur le désir Â». La demande du poète va dans le sens de l’unification, de la pacification (« la quiétude de l’écume Â»), du fusionnel, qui s’accomplit dans le désir du même : « les mêmes étoiles qui s’accroissent dans le sommeil Â». Poème de Yves Bonnefoy extrait du recueil Hier régnant désert ( 1958) Combien d'astres auront franchi La terre toujours niable, Mais toi tu as gardé claire Une antique liberté. Interprétation personnelle Il découvre un espace envahi dans sa totalité : « toutes les salles/partout Â». Un dernier voyage avant de se résigner à prendre congé. Enfin, dans les quatre derniers vers, il est question de « l’homme Â» seul, dont on comprend qu’il est le père de l’enfant. La « sans-visage Â» du premier poème a maintenant « un visage Â». Pourtant, face aux dangers qui le menacent, « l’esquif ne coule pas Â». » Au « silence Â» de « la maison perdue Â» et au « soir Â» qui l’enveloppe. Qu’ils sont interchangeables. Que je savais qui secouait la porte Une errance qui prend corps dans l’écriture et se nourrit de l’« humble mensonge des mots Â». Or le « simple Â» appartient au monde de l’enfance et à son évocation. Ainsi du mot « leurre Â», mot qui est récurrent chez le poète. Pourtant cette solitude et cet éloignement exacerbent son regard, tout aussi incisif que dans le poème précédent. La longue interrogation, portée par le conditionnel « seraient Â», semble investie par les désirs des hommes. L’errance du poète est tracée par « un chemin/Qui monte et tourne Â». HUITIÈME POÈME Or, à l’étape suivante, surgissent à nouveau le doute et le désespoir. » Les lieux du rêve « Les grandes voiles Â» rassembleuses Cette fois-ci, alors que dans les deux autres poèmes il déambulait d’une salle à une autre, l’enfant est immobile. La strophe suivante lui est encore consacrée. Un triptyque agencé autour d’un panneau central plus développé, celui de La Maison natale. Intitulé Les Planches courbes, le dernier volet du triptyque clôt le recueil sur le récit en prose, mystérieux et onirique de l’enfant et du passeur. Dans ce rêve, comme dans les précédents, le passé se dérobe, les souvenirs sont des leurres. E-Pub 16.31 € TTC. La réalité qui est la leur. Il a incontestablement influencé plusieurs générations de poètes. Cette identité de situation est suivie d’une opposition: l’itinérance du poème VI est remplacée ici par la confirmation du lieu: « c’est bien la maison natale. ». Une continuité implicite est ainsi établie entre le monde onirique du premier poème et celui du second. 4. Et trouver sa voix. Pourtant, les désirs imaginés ne se sont pas réalisés, et le poète, qui se reconnaît dans Ulysse, affirme aussi sa différence – la sienne et celle des hommes - d’avec Ulysse. Découvrir, c’est « Ã´ter Â» ce qui couvre. Ainsi, par trois fois, le poème s’ouvre sur le leitmotiv fondateur: « Je m’éveillai, c’était la maison natale Â» (I, II, III). S’il n’y prend pas garde, l’enfant risque de s’enfermer dans le monde clos qu’il habite/qui l’habite (?). Le ventre maternel est retrouvé. PREMIER VOLET Gestes gauches du cœur sur le corps retrouvé, Et sur lequel tu meurs, absolue vérité. Le second volet du recueil se clôt sur une strophe optimiste dans laquelle le poète réaffirme sa confiance dans la poésie : « Je sais que tu seras Â». Le passage des seuils La voix sépulcrale du poète avait entamé ce dialogue avec un autre pays de nous-même, depuis les premiers poèmes "de l’immobilité et du silence de Douve". Indifférenciés d’abord, les « deux grands êtres Â» se précisent. Émission diffusée sur la RTF le 07.05.1966. Il est représenté comme pourvu de deux visages, l’un regardant derrière lui, l’autre devant lui. Il sait aussi qu’il lui faut une pièce pour pouvoir monter dans la barque. Le recueil suit la forme d’un cheminement fait de rencontres, et se présente comme un itinéraire initiatique à rebours. Elle appartient à celui que le poète appelle le « passeur  Â». Les deux derniers poèmes, éloignés de la maison natale, en rupture avec elle, sont marqués par l’errance et par les images d’angoisse et de mort (XI) et par la réhabilitation de Cérès (XII) : Documents Essais La Librairie du XXIe siècle. Mais ici, elle appartient à l’homme qui, sans relâche, la conduit d’une rive à l’autre du fleuve. Inspiré de récits mythologiques, ce conte est enveloppé d’une atmosphère d’irréalité à laquelle contribuent les jeux d’ombre et de lumière apportés par « la clarté de la lune Â». Le pronom indéfini « on Â» suggère en effet que le passeur non plus n’a pas eu de père. Ce que le géant donne à voir à l’enfant, c’est la réalité. Quel lien l’enfant a-t-il avec cette femme ? Le poète, porte-parole des hommes et en butte comme eux avec les contradictions intenses auxquelles ils sont en proie, s'interroge sur les moyens de concilier les contraires. Voilà le lecteur confronté à une première énigme, celle des mots. Constitué de deux parties, le poème X se caractérise par la présence d’une nouvelle parenthèse, dans laquelle s’insère l’évocation de la mort. Mais surtout par le déluge qui la pénètre. Peut-être se sent-il étranger à cet univers ? TROISIÈME POÈME Père et fils Choix qui relève d’une véritable éthique. D’Isis et de Cérès. La vieille femme, « courbe, mauvaise Â»; Cérès, « comme une lampe Â», illuminée sur le tableau par la flamme d’une bougie et « Buvant avidement de toute sa soif Â», l’enfant nu riant à gorge déployée et montrant Cérès du doigt. L’avidité à boire de Cérès surprend l’enfant qui se moque effrontément de la déesse. Cette figure passe par le corps rassurant du père, qui offre ses genoux à l’enfant ; elle est une figure de proximité : « qui s’assied près de toi le soir Â», présence rassurante aux abords du sommeil de l’enfant : « lorsque tu as peur de t’endormir Â»; elle est une figure du don « pour te raconter une histoire Â». Il a notamment publié dans la même collection Lieux et Destins de l’image et L’Imaginaire métaphysique. c’était la maison natale, C’est « une Â» maison natale, à jamais « perdue Â», elle aussi, mais que les lieux évoqués ainsi que les sensations qui accompagnent cette évocation rendent proche de la maison de Toirac. Jours dont la lenteur est comparée à celle d’un fleuve : « Comme va lentement un fleuve Â». Il dit ce qu’il ne dira pas, ce qu’il ne veut pas dire, ce que peut-être il ne peut parvenir à dire. Les trois personnages sont présents chez le poète comme chez le peintre. « Je pourrais Â» (2 fois) ; « Je sais Â» (4 fois) ; « Je ne puis Â» ; « Je prends Â» ; « Je le fais Â» ; « Il me semble Â» ; « m’écrier Â» ; « m’empêcher Â». Elle est ce qui permet le passage d’un monde à un autre, de la vie à la mort, elle est ce qui permet de concilier les contraires - planches/courbes -, les inconciliables - le langage, ses leurres et la poésie. « Aller confiants, nous perdre nous reconnaître Â». Au seuil du voyage poétique se fait la demande. Espoir aussitôt différé par le père: « mais il sort Â». Frappées par le « décolorement Â», le « dessaisissement Â», les choses n’ont plus en elles ni magie ni mystère. Que confirme le vers quatre. Le rêve devient corps lui-même, personnifié dans son invocation : « Ã” rêve de la nuit, prends celui du jour dans tes mains aimantes Â». Le ton est injonctif : « Allons, dit-il. « Je comprends maintenant que ce fût Cérès qui me parut Â». 4, n° 20, 1982, p. 683-687. Cette donnée marque l’ancrage du récit dans le merveilleux. LES PLANCHES COURBES Le poète s’approprie ce vers de Keats, le fait aussitôt sien : « Je n’ai eu qu’à le reconnaître Â» c'est-à-dire, mot à mot, re-naître – avec –  « et à l’aimer Â». Le déterminant indéfini « une Â» s’est substitué au défini « la Â». Elle est à relier à Ulysse, symbole de l’errance poétique ; et à Charon, le nautonier, auquel nul n’échappe, pas même le poète. La Maison natale est consacrée à l’émergence des souvenirs d’enfance, ancrés dans le lieu des origines, autour des figures de la mère et du père. Désirs qui sont aussi ceux du poète : « nos demandes Â» ; « notre avancée Â». La mère est pareille à Ruth, « sick for home Â», elle est séparée de ce qui lui est cher, le lieu et la maison de ses origines, contrainte de demeurer sur un sol étranger : « She stood in tears amid the alien corn Â».

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